Le sommeil est un besoin essentiel pour tous les êtres vivants, y compris les chevaux. Mais saviez-vous que le sommeil des chevaux est très différent de celui des humains ? Dans cet article, nous allons explorer les particularités du sommeil des équidés, et notamment le rôle clé du sommeil paradoxal dans leur cycle de repos.
Les différentes phases du sommeil chez le cheval
Comme chez l’homme, le sommeil du cheval est composé de plusieurs phases distinctes. On distingue notamment :
- Le sommeil lent léger (SLL) : une phase de repos superficiel où le cheval peut encore réagir aux stimuli extérieurs
- Le sommeil lent profond (SLP) : une phase de repos plus profond, avec une fréquence cardiaque et une respiration ralenties
- Le sommeil paradoxal (SP) ou sommeil REM : une phase de sommeil profond avec une activité cérébrale intense
Cependant, la répartition de ces phases au cours de la nuit est très différente chez le cheval. Les chevaux ont en effet un rythme de sommeil polyphasique, c’est-à-dire qu’ils dorment par courtes périodes réparties sur 24 heures, contrairement à nous qui avons un rythme circadien avec une longue période de sommeil nocturne.
Un cycle de sommeil complet (SLL + SLP + SP) dure en moyenne 15 à 30 minutes chez le cheval adulte, et se répète plusieurs fois par nuit. Au total, les chevaux dorment en moyenne seulement 3 à 5 heures par jour, contre 7 à 8 heures pour l’homme. Leur sommeil est donc beaucoup plus fragmenté et moins profond que le nôtre.
Bon à savoir : Pour repérer les différentes phases de sommeil, observez la position des oreilles et des lèvres de votre cheval :
- En SLL, les oreilles bougent mollement et les lèvres sont détendues
- En SLP, les oreilles sont immobiles et pointées vers l’arrière
- En SP, les oreilles et les lèvres tressaillent, les yeux bougent sous les paupières closes
Le sommeil paradoxal, une phase clé pour les chevaux
Le sommeil paradoxal, aussi appelé sommeil REM (Rapid Eye Movement), est une phase de sommeil profond durant laquelle l’activité cérébrale est intense et où se produisent la plupart des rêves. Chez les chevaux, cette phase est primordiale car c’est durant le sommeil paradoxal que leur corps récupère le plus, que leur mémoire se consolide et que leur système immunitaire se renforce.
Durant le sommeil paradoxal, le cerveau du cheval sécrète des hormones de croissance essentielles à la réparation des tissus et au développement musculaire. C’est aussi pendant cette phase que s’activent des zones cérébrales spécifiques impliquées dans la mémoire et l’apprentissage. Les poulains, en pleine croissance, ont des besoins en sommeil paradoxal plus importants que les adultes.
Mais le sommeil paradoxal a une autre particularité chez les équidés : durant cette phase, leur corps est quasiment paralysé, avec une perte totale du tonus musculaire. Ainsi, à la différence des humains, les chevaux ne peuvent pas rester debout pendant leur sommeil paradoxal. Pour entrer en phase de sommeil profond, ils doivent obligatoirement se coucher, en général sur le flanc. Une séquence de sommeil paradoxal dure en moyenne de 2 à 5 minutes chez le cheval adulte.
A noter : Les chevaux privés de sommeil paradoxal pendant plusieurs jours développent des troubles du comportement et une baisse d’immunité les rendant vulnérables aux infections et aux coliques.
Un rythme de sommeil adapté au mode de vie du cheval
Si le sommeil des chevaux est si différent du nôtre, c’est qu’il est parfaitement adapté à leur mode de vie naturel. À l’état sauvage, les chevaux sont des proies qui doivent rester constamment sur leurs gardes. Leur sommeil fragmenté leur permet ainsi de se reposer tout en restant vigilants aux dangers potentiels. De plus, leur capacité à dormir debout lors des phases de sommeil lent leur évite d’avoir à se coucher trop souvent, une position vulnérable pour un animal proie.
Le rythme de sommeil des chevaux est aussi étroitement lié à leur statut de herbivores paisseurs. Ils passent naturellement une grande partie de leur temps à s’alimenter, jusqu’à 18 heures par jour, en grignotant de petites quantités. Leurs siestes s’intercalent donc entre les périodes de pâturage tout au long de la journée.
La domestication a quelque peu modifié les habitudes des chevaux, notamment via un accès restreint au pâturage et un environnement artificiel. Mais la plupart des chevaux de selle conservent malgré tout un rythme de sommeil polyphasique, plus ou moins adapté à leur mode de vie.
Veiller au bon sommeil de son cheval
En tant que propriétaire de cheval, il est important de veiller à ce que votre compagnon bénéficie d’un sommeil de qualité pour préserver sa santé physique et mentale. Les chevaux ont besoin d’un environnement calme et sécurisant pour se sentir suffisamment à l’aise et s’abandonner au sommeil paradoxal. Si votre cheval ne se couche quasiment jamais, c’est peut-être le signe d’un problème (douleur, stress, inconfort…).
De bonnes conditions de vie, un lieu de couchage confortable, une alimentation adaptée et un respect de ses rythmes naturels sont autant de facteurs qui favoriseront un sommeil réparateur pour votre cheval. Quelques exemples de bonnes pratiques :
- Laisser le cheval au pré le plus possible pour qu’il puisse alterner siestes et pâturage
- Fournir une litière épaisse et sèche dans l’abri/box pour encourager le coucher
- Éviter l’éclairage artificiel et respecter l’alternance jour/nuit pour ne pas perturber l’horloge biologique
- Favoriser une activité physique régulière mais sans excès, pour un meilleur endormissement
En cas de troubles du sommeil persistants (insomnie, somnolence diurne excessive, changements de comportement…), il peut être judicieux de consulter un vétérinaire équin. Certaines affections comme le syndrome métabolique équin, les ulcères gastriques ou les problèmes locomoteurs peuvent significativement affecter le sommeil. Un bilan médical permet d’identifier ces causes sous-jacentes.
Gestion du sommeil lors des transports et compétitions
Les chevaux de sport sont régulièrement confrontés à des situations qui peuvent perturber leur sommeil, comme les longs trajets en van ou les environnements inhabituels lors des déplacements en compétition. Or un sommeil de qualité est essentiel pour optimiser les performances sportives et éviter les blessures.
Quelques conseils pour préserver le sommeil de votre cheval athlète :
- Lors des transports, prévoir des pauses régulières pour laisser le cheval se détendre et somnoler
- Sur les lieux de compétition, respecter au maximum les horaires habituels de repas et de sortie du cheval
- Recréer un environnement familier avec ses affaires (couverture, licol…) pour favoriser la détente
- Éloigner le cheval des sources de stress et de stimulation (bruits, agitation…)
- En cas de besoin, utiliser ponctuellement des produits apaisants naturels (phytothérapie, aromathérapie…)
A noter : Il est déconseillé d’administrer des sédatifs ou tranquillisants sans avis vétérinaire, car ils ne permettent pas un sommeil physiologique et peuvent avoir des effets secondaires indésirables.
Conclusion
Le sommeil du cheval est un sujet passionnant et encore méconnu. Décrypter le sommeil de son compagnon équin permet de mieux comprendre ses besoins et d’optimiser ses conditions de vie pour un maximum de bien-être. N’hésitez pas à observer le sommeil de votre cheval pour repérer d’éventuels troubles, et à en parler à votre vétérinaire en cas de doute.
En prenant soin du sommeil de votre cheval, c’est sa santé globale que vous préservez. Car comme le dit le proverbe, « le sommeil est un remède que la nature a mis à toutes les maladie ! »
Passionnée par l’univers équestre, je partage des conseils pratiques pour les cavaliers, propriétaires et passionnés de chevaux. Qu’il s’agisse de soins, d’entraînement ou d’équipement, je vous accompagne avec des recommandations pour améliorer le bien-être de vos chevaux. En plus de mes conseils, je mets en avant des professionnels qualifiés du secteur équestre, tels que vétérinaires, maréchaux-ferrants et entraîneurs.